Comment je suis devenu marchand de tapis sur facebook

J’ai toujours été un gars un peu naïf, a priori. Je débarque sur un nouveau terrain et c’est certain que je vais regarder les choses un peu naïvement. J’apprends vite mais au début je suis comme ça, je fais confiance au destin, au mektoub. Quand j’ai commencé à écrire, je n’ai pas cru que les choses seraient simples mais j’ai cru que mon destin d’écrivain, mes réussites ou mes échecs, n’allait se baser que sur ce que j’écrirais. C’est une erreur, parce qu’aujourd’hui je ressemble plus à un marchand de tapis. 

Chez qui je publie mon roman ?

Trois ombres au soleil a été publié chez un premier éditeur, qui nourrissait mollement des ambitions, sur du papier coupant et des couvertures gondolées. Ca c’est parce que j’étais naïf au début. Aujourd’hui j’espère publier le premier roman numérique belge crowdfundé et puis sans doute le premier livre physiq… Non j’aurais dit ça avant, quand j’étais naïf mais aujourd’hui je brûle plus les étapes. Le crowdfunding c’est bien, mais ça m’oblige à faire la quête à la sortie des églises, à implorer tweeter et facebook ou à faire du chantage affectif avec tous les gars qui ont le malheur de me croiser après trois bières.

A qui je vends mes livres ?

Avant je pensais qu’après quelques liens sur facebook et le harcèlement moral de ceux que je croisais avant une bière, Trois ombres au soleil se vendrait comme des simits à l’entrée du grand bazar d’Istanbul. Ca ne s’appelle plus vraiment de la naïveté à ce niveau-là. Aujourd’hui j’ai créé un lien sur ce site pour acheter directement le bouquin (mais c’est plus par acquis de conscience, je sais que je n’en vendrai pas 7 comme ça, je ne suis plus si naïf). Je cours les animations littéraires, dans des tours de justice du moyen-âge, dans des bibliothèques humides, dans des salles de fête de village. Mais les gens que je croise là-bas, ces gens ils n’achètent pas la qualité d’un livre, d’un auteur, sur base de quelques lignes lues ou du quatrième de couverture, les gens ils achètent ton bouquin si tu leur vends ça comme une carpette de bain, avec des réductions, un service après-vente, une garantie de trois ans et la certitude que ça se lave en machine. Il ne faut pas savoir écrire, faut être un marchand de tapis, faut que ça te coule dans les veines !

Comment je gagne des concours ?

Avant je participais à des concours de nouvelles, comme ça, j’envoyais un texte et j’attendais une réponse, que je n’avais jamais parce que je ne gagnais pas. Ca c’est quand j’étais naïf. Aujourd’hui je participe à des concours de nouvelles où les internautes votent, alors je reprends ma casquette de vendeur de tapis et je harcèle les gens. Et je gagne. Deux fois. Je suis meilleur marchand de tapis sur facebook. Et du coup je deviens moins naïf et je gagne même des concours où c’est un jury indépendant qui tranche. 

Donc fais gaffe, il se pourrait que je te parle bientôt d’une super affaire sur un tapis persan qui ne prend pas la poussière. On n’est jamais à l’abri.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *