Lecteur de Levy ou lecteur de Musso ?

« Vivre c’est espérer et attendre » a dit Etienne de Senancour, un écrivain français qui a vécu la révolution française à 19 ans. Eh bien laisse-moi te dire cher mon lecteur que je suis au summum de l’intensité d’exploitation du verbe vivre en ce moment. J’attends. Trois projets littéraires et un projet professionnel. Un mail, une lettre, un coup de fil. Et forcément, j’espère. Et à attendre et à espérer dans ces matinées perdues, je me tiens informé du monde et je fantasme quelque peu sur Marc Levy ou Guillaume Musso, ou plutôt sur leurs succès. En ce moment, tout à fait maintenant même, je lis un article dans le nouvelObs sur la guerre de tranchée entre les deux poids lourds de la littérature, Marc Levy acceptant mal d’avoir vendu 60.000 exemplaires de moins que Musso (on parle de ventes au-delà de 1,5 millions sur un an) et Musso de chicaner quand on lui dit qu’il n’est qu’un pastiche de son aîné (dans le style, dans l’intrigue et même dans les titres, Seras-tu là répondant au Où es-tu). Bref, les locomotives de la littérature française passionnent les masses et ennuyent les critiques littéraires, ceux qui aiment la littérature, la vraie, pas ceux qui aiment les chiffres (c’est pratiquement antinomique : moins tu vends, plus tu es écrivain). Voici la phrase de conclusion de l’article : « Et si quand même, il faut en lire un : c’est peut-être injuste mais on préfère un nanar farfelu (Musso) à un blockbuster moyen (Lévy) ».

Et quand je vois ces batailles de (riches) chiffonniers, je prends la distance de l’écrivain, je me place au-dessus de la mêlée, je fais le péteux et je me dis que moi j’aimerais être lu et eux, ils sont lus, énormément, comme aucun autre écrivain francophone, partout, pourtant ils ne sont absolument pas reconnus par la profession, pire ils sont marginalisés. Les cercles littéraires, les émissions culturelles, y a pas de place pour eux, là-bas. Eux, ce ne sont pas des artistes, eux, ce sont des produits de grande consommation, distriubués en supermarché. Ne parlez pas de culture. Le succès ne peut-il être total ? Faut-il choisir ? A vrai dire, je ne pense pas qu’on choisisse. Et je ne pense pas que j’aurai jamais à choisir. Mais alors je me repose différemment la question, est-ce mieux de participer à des émissions parfois fastidieuses pour le  grand public mais reconnue par le microcosme ? Ou est-ce mieux de passionner les foules, avides de divertissement et d’écriture accessible ? A vrai dire, je ne pense pas qu’on choisisse. Et je ne pense pas que j’aurai à choisir.

Et toi cher mon lecteur, t’es plutôt Levy, Musso ou Marien Deflavard ?

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