Un indien en short orange

Cet été un homme m’adresse un courrier. Il s’appelle Alexis Anger, il lance une nouvelle maison d’édition numérique, Libre-Court, spécialisée dans les longues nouvelles et à ce titre il cherche à se créer un catalogue pour son lancement en octobre. Cet été, je ne suis pas chez moi, je suis aux Etats-Unis. Je le contacte, il me flatte ce qu’il faut pour m’intéresser au projet – alors que je suis certain qu’il n’a jamais lu une traitre ligne de ce que j’ai écrit mais qui cherche à justifier les louanges gratuites ? – et je décide de lui écrire un texte entre 20 et 50 pages. Il me dit que certains grands noms font déjà partie du catalogue, notamment un prix goncourt de la nouvelle, un prix femina, un prix medicis – ces temps obscurs où la qualité d’un auteur ne se définit plus qu’à sa valeur marchande, échelonnée par la qualité du prix littéraire reçu. De ces semaines à écrire, nait l’indien. Je continue à écrire et nait également Un héros très discret un texte trop court pour le soumettre à Alexis et trop bon, selon moi, pour l’oublier dans mes tiroirs.

Aujourd’hui, je viens de signer le contrat d’édition avec Libre-court éditions, l’indien fera partie du catalogue à l’ouverture en octobre. Alexis Anger m’avait répondu : « Après lecture attentive, je vous informe que nous serions ravis de pouvoir proposer votre nouvelle au sein de notre catalogue. J’ai beaucoup apprécié la qualité du texte, tant l’histoire que votre plume. Cela correspond bien à ce que je recherche. » Est-ce vrai ? Ou est-ce le cri du coeur d’un éditeur désespérément à la recherche de textes ? Je ne le saurai qu’en découvrant le catalogue de textes en octobre. Il faut dire que j’ai toujours eu tendance à me méfier des retours positifs. Je suis victime de ce masochisme étrange qui me fait penser que les critiques négatives sont toujours le fruit d’une étude approfondie de « mon oeuvre » et les louanges qu’une vaine tentative à me refourguer une camelote en sous-main, par derrière, par un habile tour de passe-passe. 

Sache-le, je me méfie incroyablement des éloges aveuglantes, tout se met en alerte et je finis par rejeter d’un bloc toute approche béate d’admiration. (Mais je suis vraiment heureux d’avoir signé ce contrat avec Libre-court, de me diversifier, de débuter une nouvelle collaboration et de continuer à essayer de gagner des nouveaux chers mes lecteurs comme toi ). Et quelques jours plus tôt Un héros très discret a été accepté par le comité de vieilles connaissances en short orange, short-edition. Là, pas de souci, on m’informe de la nouvelle dans un mail type plutôt chaleureux de loin.

Maintenant, l’indien est dans son ultime relifting, on lui cherche une cover. Le texte ne sera disponible qu’en version numérique d’ici quelques semaines, je te tiendrai au courant cher mon lecteur. Et puis mon héros très discret est en lice jusqu’en décembre pour recevoir un maximum de votes de votre part pour participer à la finale.

Je ne serai jamais rien sans toi cher mon lecteur. Même le jour où j’aurai gagné le prix Femina. Mais si tu t’apprêtes à me complimenter sur mon travail, prépare plutôt les arguments.

 

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