Gagner un concours de nouvelles

Tu es quelques-uns cher mon lecteur à me demander comment remporter un concours de nouvelles. Il y a déjà des conseils partout dans les internets mais je vais t’en dénicher d’autres. Ceux qu’on trouve déjà partout sont des évidences, des lapalissades dirait un ami malveillant. De celles du genre : bien écrire sur le thème, ne pas dépasser la longueur autorisée, respecter les consignes, soigner le style et bla et bla et bla. Des bondieuseries. C’est sûr que le mec qui remporte tous les concours de nouvelles de sa région, qui remporter 50€ par ci, un dîner gastronomique, un week-end dans un chateau ou un chèque livre à  valoir faire valoir dans une librairie à 120 km de chez lui, il va user de son palmarès pour te faire cliquer, mais les vrais trucs qui le font gagner, il va se les garder pour lui. On peut pas vraiment lui en vouloir, toi et moi on ferait pareil cher mon lecteur. Mais quand même. C’est un peu cynique. Mais ce qu’on ne dit pas assez, c’est qu’il y a de véritables astuces pour l’emporter. Voici une liste non exhaustive.

Ecrire un texte

Ben oui. Tricher, mais avec style. C’est ton mentra du jour. Tricher, mais avec style. Répétons encore. Tricher, mais avec style. Si le clavier te brûle les doigts, demande un texte à prêter à ton gamin ou à ton petit cousin : souvent au début de l’année, on lui demande une rédaction sur les vacances scolaires.

Être bon copain avec l’organisateur

Oui, les concours de nouvelles sont toujours anonymes, les textes ne doivent comporter aucune marque qui permettrait l’identification de l’auteur, etc. Mais voilà. La corruption existe. Et nous sommes désarmés devant la plus louable et la plus indétectable des corruptions, la corruption de l’âme. Ca me rappelle deux concours de nouvelles dont je connaissais un peu l’organisateur. Beau succès pour les deux, plus de 150 textes, le combat va être rude on se dit en coulisse. Mais chaque fois un bon copain du mec l’emporte. « Alors ça c’est incroyable, je ne savais même pas qu’il participait » il dit, le mec, en ouvrant l’enveloppe qu’il a lui-même scellée « c’est Balthazar qui remporte le concours. Alors ça si je m’attendais… Le jury parle d’un style épuré, simple et pourtant profond sur l’obsolescence et la vanité du temps, dans cette faussement ingénue rédaction sur les grandes-vacances.« 

Pomper un texte déjà primé…

Prends un pas trop connu. Par exemple : fouille les internets et exhume un texte de plus de dix ans caché dans les entrailles d’un site de concours corse. Bon après, tu dois le soumettre à ce même concours, parce qu’ailleurs, il n’aurait aucune chance. Mais le jury corse, troublé par quelques myrtes, appréciera « ce texte chaleureux qu’on a l’impression d’avoir déjà lu tant il est bon. » 

…mais pas les tiens (Ne recycle jamais tes textes déjà primés)

Tu perdrais toute foi en l’universalité du goût des jurys qui t’avaient primé, une fois, avant, il y a longtemps. J’avais toute confiance dans un texte primé dans le plus grand concours en Belgique francophone, je me dis, c’est ma bête de concours ça, je vais tout rafler avec ça : il n’a plus jamais passé le premier tour.

Viser les concours au règlement kafkaïen 

Les mecs qui pondent un règlement avec la création d’un code douze chiffres, dont trois lettres, en haut à droite de la nouvelle, avec report sur une enveloppe scellée, sans aucune empreinte digitale détectable, à l’intérieur de laquelle se trouve une feuille blanc cassé, grain épais de 0.25 mm, cartonnée sur laquelle sont indiqués le nom et le prénom, écrit en new gothic 9.58 avec marge de 6.54 cm à gauche, 4.7865 cm en haut, de couleur aubergine pourpre, accompagné d’un certificat de bonne vie et moeurs, de la copie du bail d’appartement, du certificat de naissance, du certificat de décès des arrières grand-parents et du bulletin et du certificat de réussite de la 3ème gardienne, ceux-là, il est probable qu’ils soient un peu à cheval sur leur règlement et qu’ils déchirent un bon paquet d’enveloppes non règlementaires avant même de les ouvrir. Tout ce que t’as à faire, c’est te concentrer sur le respect des règles. Et c’est déjà gagné. 

Viser les concours où personne ne participe

Certains organismes organisent des concours de nouvelles, sans doute que c’était l’idée de la stagiaire bénévole au souper de fin d’année. Mais quelques mois plus tard, au moment de tout mettre en oeuvre, ils ne savent plus très bien pourquoi ils ont eu cette idée. Pas contrariants, ils la mettent en pratique, ils vont pomper le règlement de l’ASBL « Philatélie cantal » qui avait organisé un concours sur le thème : des hiboux et des timbres et ils le mettent en ligne sur leur site web, celui avec des guirlandes lumineuses, des poussières d’étoiles derrière la souris et le compteur de vues, bloqué à 233 depuis longtemps. « Michel, je pense qu’y a un problème au compteur, il est bloquè« . Ce concours-là, tu peux te dire qu’il ne recevra pas quinze textes. Mais pourtant tu ne le gagneras pas (voir point 1). Enfin, les places d’honneur, c’est toujours ça de pris et ça te permettra de boire un blanc grenadine et de repartir avec quelques bouquins offerts gracieusement. Et ça, c’est des cadeaux de Noël que tu devras pas acheter. Tout est dans tout, hein.

Organiser toi-même un concours de nouvelles

Ne me dis pas que tu n’y avais pas pensé ? Tu demandes à ton cousin de faire prête-nom en tant qu’organisateur, tu fais une publicité incroyable sur les internets, tu promets des cadeaux impaybles, des voitures, des voyages, des week-end thalasso, des gastros, et tu imposes un thème qui fédère : coucher de soleil. Et à la fin, qui c’est qui gagne ? Mmh ? La notoriété est à toi. 

PS : pour éviter toute forme de jalousie, évite d’afficher gratuitement ta nouvelle, les médisants trouveraient sûrement à redire sur la qualité de ton texte.

                 

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