L’échec de la hyène sur Bookly

A plus de 40 jours de l’ultimatum de collecte pour la publication de la hyène en version papier, je peux d’ores et déjà vous annoncer un scoop de polichinelle : la hyène ne sera pas publiée par Bookly. A 9% de collecte, avec seulement 15 supporters, le projet peut être défintivement clos. Alors, est-ce vraiment un échec ?

On a réussi, grâce à vous, à collecter les 5000 € nécessaires à l’édition de la hyène en version numérique. Au début, il y a eu de l’excitation et comme dans tout projet de financement participatif qui fonctionne, il y a eu un investissement en temps et en argent de ma part d’abord, puis du premier cercle, pour finalement toucher des « inconnus », les rallier à notre cause et finaliser le projet. Ca, c’était la divine idylle des débuts. Et puis du temps s’est écoulé avant la publication effective en numérique. Et pendant ce laps de temps, j’ai découvert le dessous des cartes, rien de moisi, pas la carlingue déglinguée d’un navire qui vient de prendre la mer, mais l’impression de ne pas avoir affaire à des professionnels de la littérature, simplement à des gens qui ont cru détecter un bon filon, celui des wanna be auteurs et du crowdfunding. Il a fallu retravailler le texte et je me suis plusieurs fois énervé, en vérité à chaque fois que je leur soumettais une correction et que j’entamais une nouvelle lecture du manuscrit : ils ne relisaient pas mes passages et incluaient certaines fautes sans y prêter la moindre attention – c’était comme si j’envoyais une conclusion de thèse sur la flexibilité de la queue d’une Blonde d’Aquitaine à la gelée à un cousin pour une relecture. J’avais l’impression de ne pas faire partie d’une machinerie professionnelle mais plutôt d’un artisanat pas trop passionné, ni concerné. Deux personnes ont particulèrement travaillé la correction du manuscrit, le relecteur professionnel, payé pour une relecture, et surtout moi, qui me devais d’être exigeant envers le texte, quitte à relire le manuscrit une dixième fois, parce que je savais que l’exigence je ne pouvais l’attendre de l’éditeur.

Ensuite il y eut la publication numérique et l’excitation a repris le dessus. Jusqu’au premier relevé des ventes après les trois premiers mois : 23 ebooks vendus. Dont une douzaine que j’ai achetés ou fait acheter pour tenter de grimper dans le classement des meilleures ventes Kindle. Ensuite j’avais 8 mois pour vous convaincre d’investir pour la version papier de la hyène. Mais pour vous convaincre, j’attendais le rélevé des ventes et surtout des retours des quelques internautes ayant lu la hyène. Or les retours ont été inexistants ou très très peu emballés (et donc emballants). Je me suis alors posé la question : le roman est-il suffisamment bon, bien écrit, satisfaisant ? Ai-je vraiment envie de publier et de défendre un roman que personne ou presque n’a apprécié assez fort pour que j’en sois fier ? J’ai demandé à Bookly de retarder le début de la collecte pour le papier, ils ont accepté de retarder la levée de fonds de 2 semaines et puis tout a commencé. Sauf que je n’étais plus tellement convaincu. Et le fameux premier cercle non plus : ils ont été incroyablement surpris par les très faibles ventes durant le premier trimestre qui a suivi la sortie de l’ebook. Et ils n’étaient donc pas prêts à investir de nouveau des sommes importantes.

Et puis il y a Bookly, qui ne semble pas s’intéresser au monde de l’édition, qui ne draine pratiquement aucun public, à peine les aspirants auteurs et leurs proches. Quand Bookly s’exprime ou fait de la pub, les retombées sont inexistantes, cela n’arrive qu’aux oreilles d’autres auteurs-investisseurs, qui espèrent qu’on parlera bientôt de leur bouquin. Or publier c’est bien mais si personne n’achète jamais un roman, à quoi bon ? J’ai proposé de nombreuses modifications, notamment inspirées de Sandawe, un site de financement participatif spécialisé dans la BD et qui connait un succès incroyable. Mais Bookly freine toute innovation et le site reste dans un état trop végétatif pour susciter l’enthousiasme. Et puis il y a le seuil à atteindre pour publier un ebook qui est passé de 5000 à 3500 € pour faciliter l’accès au projet. Et quid de mes investisseurs et des 1500 € donnés à titre grâcieux ? Et quand ça devient 10.000 € pour la version papier, c’est simplement beaucoup trop pour le retour potentiel sur investissement. Bookly ne fonctionne pas assez bien pour créer l’emballement, les interactions avec mes 57 supporters étaient quasi nulles, j’ai bien tenté de leur envoyer à tous des messages motivants via la messagerie en ligne, non seulement c’était fastidieux mais je n’ai reçu qu’une seule réponse. L’interaction avec les investisseurs, leur fierté à défendre le projet, c’est ça l’idée de base du crowdfunding, non ?

La hyène ne sera pas publiée en version papier chez Bookly. Pour beaucoup de raisons. La meilleure étant qu’elle n’a pas suscité l’enthousiasme des foules. La plus sincère étant que je n’y ai jamais cru / que je n’ai pas voulu y croire. Et ceci est mon dernier projet chez Bookly, je ne leur en proposerai pas d’autres. 

Bon vent Bookly, sans rancune mais je ne vous regretterai pas,

mensonge ou vérité ?

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